Le diul (1/2)

Laïlo a sans aucun doute voulu créer un lien entre sa personne et nous, et je pense que le diul incarne ce pont spirituel.

    Le diul vit dans les bois de l’archipel Andaras, et peut-être même ailleurs encore, apparaissant, je le sais déjà, sur des îles plutôt éloignées. Évoluant en horde réduite, s’il est parfois chassé il reste une proie rare, car discret, méfiant et rapide. Il marche sur quatre longues pattes très fines, et son épaule arrive aux hanches d’un léfenn ordinaire. Son pied se termine par trois doigts à l’ongle dur et pointu ; deux à l’avant, et un plus petit, tourné vers l’arrière. Il me semble qu’il utilise ce dernier pour assurer son équilibre lors de sa course, pour une meilleur prise au sol. Son corps est musclé et charnu, et se termine par un cou fin et long, portant une petite crinière hérissée aux poils légèrement plus longs que le reste de son pelage plutôt ras, couleur sable. Sa croupe se termine en une queue plutôt fine, qui aboutit en un petit plumeau duveteux, souvent blanc ou crème. Il possède des cornes impressionnantes, torsadées et tordues en une logique unique, curieusement harmonisée de chaque côté de son front. Ses grandes oreilles se tournent vers les sons et bougent au fil de ses émotions. C’est une créature très silencieuse le plus souvent, et je la soupçonne de communiquer avec son groupe par la position de sa tête, de ses cornes, et de ses oreilles.

    Mais ce qui fascine par dessus tout à la rencontre d’un diul, c’est sa face. Laïlo a sans aucun doute voulu créer un lien entre sa personne et nous, et je pense que le diul incarne ce pont spirituel. On dit souvent, en effet, qu’il a le visage d’un léfenn, ce qui est très surprenant sur son élégant corps quadrupède. Ce n’est pas tout à fait exact. En vérité, cette face ovale et claire se démarque du reste de son corps par sa couleur presque blanche, comme le bout de sa queue, mais reste velue, contrairement à la peau presque nue de notre visage. Ses grands yeux verts sont troublants de profondeur, mais ont une pupille horizontale, contrairement à la nôtre qui est ronde. Son museau est très similaire à notre nez, mais son arête est plus prononcée et plus longue. Sa bouche, cependant, est vraiment semblable à la nôtre, même pour la disposition des dents, à la différence qu’il n’a pas de crocs pour arracher et déchiqueter comme nous, ne consommant que des végétaux. La ressemblance est quand même troublante, et on peut facilement se faire prendre au premier regard. Par contre, l’absence d’émotions que nous pourrions reconnaître sur ce visage nous confirme bien vite que nous appartenons à deux espèces distinctes.

Relevé d’étude de nos voisins mystérieux , Riliann Steliar.

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